STABAT MATER FURIOSA
Une pièce de Jean-Pierre Siméon
Une version bilingue français/langue des signes française
Mise en scène de Laurence Kassovitz
Avec Marion Bégoc et Célia Darnoux

La pièce
Une femme prend la parole pour nous raconter la guerre qu’elle a vécue. Elle évoque sa jeunesse paisible et le futur tranquille qui se projetait devant elle, détruit par les horreurs qu’elle a subies. Elle témoigne pour toutes les victimes de violence, s’insurge contre l’immuabilité de la guerre, accuse l’homme de guerre de sauvagerie et nous invite à la révolte. Elle imagine une société sans combat faute de l’esprit guerrier que chacun effacera de soi.
« Nous sommes en guerre. »
Notre projet pour le Stabat Mater Furiosa prend sa source dans cette affirmation martelée le 17 mars 2020 dans tous les médias alors que le virus Covid-19 s’étend sur le territoire français. Il naît de cet impératif de réponses pour dépasser la sidération, sortir mentalement de nos isolements et questionner le présent et l’avenir. Parce que la guerre ce n’est pas ça ! Et que ce discours martial qui plait aux dirigeant.e.s pour nous museler dans la peur est une insulte à la mémoire de toutes les victimes de toutes les guerres.
Jean-Pierre Siméon, écrit le Stabat Mater Furiosa en 1997 au Liban, en pleine guerre. Ce texte est intemporel car la violence est omniprésente et que l’histoire ne cesse de se répéter. La liste de toutes les conflits meurtriers, depuis lors, ne sera jamais à jour. Celui qui frappe l’Ukraine depuis février 2022 fait de notre spectacle un sujet d’actualité, tragiquement.- NOTRE COMPREHENSION DU TEXTE -
Le Stabat Mater Furiosa est un cri contre les violences ; certes guerrières, mais aussi toutes les autres : physiques et morales, sociales et sociétales, sexistes et sexuelles, familiales et conjugales, racistes, misogynes, systémiques. Cette liste-là aussi est sans fin. Ce texte est un cri.
- Pour les victimes silencié.e.s parce que c’est toujours la censure qui prévaut et que les criminels sont rarement jugés, encore moins condamnés ;
- Pour les minorités qui sont écrasées et persécutées parce que les attaques sont de plus en plus décomplexées ;
- Pour tou.te.s cell.eux, inoffensif.ve.s, qui pleurent de rage et d’impuissance devant les injustices parce que nous sommes gouverné.e.s à coups de 49.3 et que nous subissons tou.te.s la sauvagerie des plus puissants.
Et pour que ce cri devienne un hurlement torrentueux, il nous faut deux voix ; alors nous le traduisons et adaptons en Langue des Signes Française et nous le jouons simultanément dans les deux langues. Il ne s’agit pas ici d’une interprète sur le bord du plateau. La voix et les signes crient, hurlent, frappent. Pour la première fois, deux femmes disent le même texte, en même temps, dans deux langues différentes, et c’est limpide. Elles tiennent le même discours, au souvenir près, à l’indignation près, à la question près. Leur sororité les grandit, les protège, les sauve. C’est l’impétuosité du verbe, parlé ou signé, qui soulève ces deux corps dans un envol enfiévré et les fracasse au sol. Le cri devient visuel, le geste audible. Deux voix et deux corps pour une révolte.

Pourquoi la langue des signes?
La Langue des Signes Française, pilier de la culture sourde, est abandonnée dans l’enseignement pendant plus d’un siècle (1880-1991) et connaît aujourd’hui de nombreuses disparités d’apprentissage selon les territoires. Reconnue comme une langue à part entière seulement en 2005, elle reste encore très stigmatisée. La langue des Signes Française a survécu à l’oppression. L’utiliser pour traiter des enjeux de résilience traduit ici notre volonté de mettre en valeur les combats des minorités contre les injustices et les inégalités. La surdité, comme les autres handicapes, force les sourds au communautarisme. Ils sont exclus de la société dans laquelle ils vivent et qu’ils comprennent difficilement. Or nous voulons décloisonner notre société, inclure le handicap et coconstruire un outil de lutte contre l’exclusion.

HISTORIQUE DU PROJET
Représentation dans l’Auditorium du Lycée Raspail Paris 14e et ateliers autour de la LSF pour lycéens de terminale et élèves de BTS sourds et entendants.
Représentation bénévole à St Pern (Bretagne) afin de partager la pièce à des publics empêchés.
Représentation à LaBanque Béthune-Bruay (Haut de France) dans le cadre de l’exposition FEMMES GUERRIÈRES - FEMMES EN COMBAT
DECEMBRE
Dix représentations au Studio du Théâtre de l’Épée de Bois, Cartoucherie de Vincennes, Paris 12.
Tremplin de la jeune création au Théâtre des Calanques à Marseille.
Première représentation dans le cadre de la programmation « De la culture avant toute chose » de la mairie Paris Centre - Salle Jean Dame Paris 2e
Résidence de création au Studio Théâtre Charenton (Charenton-le-Pont)
Rencontre avec Célia Darnoux, comédienne et interprète en LSF. Nouvelle trad-adaptation de la pièce et mise en espace des deux comédiennes avec le souci de chorégraphier davantage la LSF.
Résidence de création au théâtre de la Petite Espagne (Saint-Denis).
Sortie de résidence au Théâtre de Verdure du Conservatoire Georges Bizet Paris 20e et à la Maison de la Vie Associative et Citoyenne du 3e
Rencontre avec Julie Le Toquin (artiste plasticienne et performeuse en LSF) et début du travail sur la langue des signes.
Obtention auprès de Jean Pierre Siméon du droit de traduire et adapter le texte en Langue des Signes Française.
AVRIL
MAI
Recherche entre Marion Begoc et Laurence Kassovitz d’un texte à travailler à distance pour continuer le travail pendant le confinement et briser l’enfermement
Choix du Stabat Mater Furiosa de Jean Pierre Siméon. Début du travail à distance (en visio) sur la compréhension du texte, le lexique des images poétiques.